Retour sur la conférence du 13 février 2023


Les défis énergétiques de demain et leur financement seront au cœur du thème du prochain magazine des professions financières. En anticipation de ce prochain magazine, la conférence du 13 février a permis de débattre notamment de la part des énergies renouvelables dans la transition énergétique, et du rôle de l’énergie nucléaire.

Vous retrouverez ci-après la synthèse de l’intervention de Jérôme GUILLET, Managing Director, SNOW

« La France a pu ignorer la transition énergétique pendant longtemps car elle bénéficiait du programme nucléaire, qui lui a offert une électricité bon marché et quasiment totalement décarbonée pendant plusieurs décennies. Mais aujourd’hui, alors que le parc nucléaire se fait vieillissant et que le débat porter presque exclusivement sur la construction renouvelles centrales nucléaires, il importe de ne pas ignorer les leçons de la transition vers les énergies renouvelables chez nos voisins, car cette transition est souvent mal comprise, en particulier celle entreprise par l’Allemagne.

L’arrêt des centrales nucléaires - facilement contestable alors que les centrales à lignite continuent de produire - sert d’épouvantail et permet d’ignorer que la part des énergies fossiles dans la production d’électricité est passée de 80% à moins de 50% en 20 ans, avec une tendance qui s’accélère. La réalité est que les énergies renouvelables, qui étaient plus chères il y 10-15 ans, sont aujourd’hui les sources de MWh les moins chères, et que les réseaux s’adaptent pour les intégrer. Leur part dans le système va aller croissant, c’est inévitable, et cette tendance est assez peu compatible avec le maintien de capacités de base comme le nucléaire. Ce qui est remarquable en Allemagne, c’est que les capacités flexibles (centrales au gaz et à la houille) sont moins sollicitées en production nette aujourd’hui, avec 40% d’éolien et de solaire dans le mix, qu’elles ne l’étaient il y a 20 ans quand ces 40% étaient produits par les centrales de base (nucléaire et lignite) - le sujet du stockage d’électricité et du backup éventuel par des centrales à combustible est un problème surestimé.

Aujourd’hui, dans le contexte de l’arrêt des livraisons de gaz russe après l’invasion de l’Ukraine, on peut reprocher à l’Allemagne d’avoir manqué de réflexion stratégique en ne diversifiant pas assez ses fournisseurs (une erreur que la France n’a pas faite), mais pas d’avoir engagé la démarche, et déjà fait près de la moitié du chemin, pour remplacer une système électrique carbone-intensif par des énergies renouvelables. La France va devoir aujourd’hui s’engager plus résolument dans la même voie, sans encore y croire. »


Marie Agnès Nicolet, Présidente de Regulation Partners et du club des marchés financiers