Les priorités de Total en matière de transition énergétique : changeront-elles suite à la crise sanitaire?


Depuis quelques mois, nous vivons collectivement des moments extraordinaires et le Groupe Total fait face simultanément à plusieurs défis : une crise sanitaire, une crise pétrolière et, bien sûr, le défi majeur du changement climatique. S’il est possible d’envisager une issue de court-moyen terme aux crises sanitaire et économique, l’enjeu du changement climatique, lui, demeurera.

Le Groupe s’est ainsi doté, le 5 mai dernier, d’une nouvelle Ambition Climat pour atteindre la neutralité carbone à horizon 2050. Total entend en effet devenir un groupe multi-énergies et neutre en carbone, car notre mission est bien d’offrir une énergie plus sûre, plus abordable, plus propre et accessible au plus grand nombre.


Une crise sanitaire extraordinaire

La crise sanitaire et économique est exceptionnelle. Ou plutôt, elle est extraordinaire au sens propre du terme. Une entreprise comme la nôtre réalise en permanence la cartographie des risques, mais je pense que ce scénario d’une pandémie globale, aussi rapide dans sa contagion et capable de geler en quelques semaines toute l’économie mondiale, personne ne l’avait imaginé.

Notre priorité partout dans le monde a été d’assurer la sécurité de nos employés, prestataires et clients en leur garantissant de bonnes conditions sanitaires. Nos activités sont indispensables pour fournir l’énergie nécessaire au bon fonctionnement de l’économie, des hôpitaux ou des services d’urgence. Nous avons donc appris à travailler différemment, car la fiabilité de nos services est au cœur de notre engagement. C’est pourquoi je tiens à saluer les milliers d’employés de Total, sur le terrain ou en télétravail, qui ont garanti la continuité de ces services essentiels.

La crise économique est plus complexe et plus violente que la crise pétrolière de 2015, mais la recette qui nous a permis de résister à l’époque reste valide. Elle tient en quatre priorités : la sécurité, l’excellence opérationnelle, les coûts et la liquidité financière. Total a cette culture de savoir compter sur soi-même et être résilient pour faire face dans les tempêtes.


Un monde neutre en carbone

Inédite, cette crise se caractérise surtout par l’incertitude. L’économie mondiale n’a jamais fait face à une telle situation et nous n’avons pas de réelle visibilité à 6 mois ou un an, ni sur ses répercussions à long terme. En même temps, cette crise peut accélérer la conscience collective des effets du changement climatique et donc l’urgence à agir à l’échelle de la planète. Mais ce n’est pas cette crise qui accélèrera la transition vers les énergies bas carbone, ce sont les technologies et les politiques publiques en faveur de cette transition qui pourront l’accélérer.

Dans ce contexte, Total a annoncé début mai son ambition d’atteindre la neutralité carbone à horizon 2050, en phase avec la société, pour l’ensemble de ses activités mondiales, depuis sa production jusqu’à l’utilisation par ses clients de ses produits énergétiques vendus. En ce qui concerne les émissions directes provenant de nos installations (scopes 1 & 2), nous en sommes directement responsables et arriver à la neutralité carbone là-dessus me paraît un objectif évident. Nous comptons donc réduire nos émissions directes de moitié, et compenser le reste grâce aux puits de carbone naturel et aux technologies de captage et de stockage de carbone.

Concernant les émissions indirectes de Total (scope 3), celles que nous induisons chez nos clients et dont nous ne sommes pas directement responsables, nous avons quand même pris un engagement fort et unique de neutralité en Europe. Pourquoi l’Europe ? Parce que cette dernière s’est elle-même engagée à la neutralité carbone. Cela signifie que l’Europe va mettre en place les politiques, les règlementations et le prix du carbone nécessaires pour y parvenir. Et ce n’est pas rien : l’Europe représente 60 % du scope 3 actuel de Total. Bien évidemment, partout où les gouvernements d’une région donnée s’y engageront, Total s’engagera également à atteindre la neutralité carbone pour toute sa production et les produits énergétiques vendus à ses clients dans la région concernée.


Des changements majeurs pour Total

Dans cette perspective, Total se transforme en un groupe multi-énergies : gaz, électricité bas carbone et pétrole. Nous entendons devenir un acteur international majeur dans les énergies renouvelables, avec une capacité de génération électrique de 25 GW en 2025. Pour cela nous allons continuer à investir 1,5 à 2 milliards de dollars par an dans l’électricité bas carbone et ce malgré la crise actuelle. Cela représente plus de 10% de nos investissements aujourd’hui et cela passera à 20% d’ici 2030 ou plus tôt.

Rien qu’en 2020, nous avons annoncé pour plus de 7 GW de projets renouvelables, c’est l’équivalent de 5 gros réacteurs nucléaires ! Au-delà des centrales solaires et de l’éolien offshore, Total avance sur beaucoup d’autres sujets bas carbone : captage & stockage de CO2 , recyclage des plastiques, bioplastiques, batteries pour véhicules électriques, stockage d’électricité renouvelable, installations de bornes de recharge éclectique, hydrogène, biogaz, gaz naturel pour véhicules, superéthanol-E85, biocarburants, biokérosène, carburants marins plus propres... Bref, Total se transforme, et vite !

En 2050, le groupe Total aura sans doute beaucoup changé : il pourrait vendre 40 % d’électrons (essentiellement renouvelables), 40 % de produits gazeux (du gaz naturel avec du biogaz et de l’hydrogène propre) et seulement 20 % de produits liquides (dont un quart de biocarburants). Ce sont des changements majeurs pour une entreprise de la taille de Total. Ça prend du temps. En dépit de la conjoncture sanitaire, économique et sociale, les engagements et les priorités de Total en matière de transition énergétique et de lutte contre le changement climatique ne seront pas relégués au second plan, bien au contraire !


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Patrick POUYANNÉ, PDG du groupe Total