L’investisseur sur les marchés financiers, en particulier sur les actions, est souvent confronté à un « bruit » macro-économique et émotionnel qu’il ne maîtrise pas toujours. Mouvements des taux d’intérêts, inflation, risques politiques ou régulatoire, frictions d’échange internationaux… autant d’éléments qui font bouger les marchés à court terme et sur lesquels le décisionnaire a finalement peu de prise. Pour s’en extraire, il faut élargir l’horizon d’investissement, se placer sur le long terme, donc trouver des thèmes qui soient « perpétuels » c’est-à-dire qui demeureront toujours valables quel que soit l’environnement. L’eau et la gestion des déchets entrent par excellence dans cette catégorie : qu’est-ce que l’homme, au fond ? une machine organique qui transforme de l’eau et de la matière en eau usée et en matière usée. Le traitement de l’eau et des déchets est donc vital pour l’économie. Et le restera perpétuellement. Investir dans l’eau et les déchets est donc forcément investir dans un thème perpétuel qui reflète notre comportement et qui préserve la valeur. C’est une façon de s’extirper du bruit de marché de court terme. C’est le choix qu’a fait l’équipe Regnan au sein de Jo Hambro.
Facteurs perpétuels de développement
Il y a plus de dix mille ans, nous sommes sortis du mode chasseur-cueilleur. Plutôt que de nous déplacer au gré du temps et des saisons, nous sommes devenus sédentaires en nous posant près des rivières, des lacs et des ressources en eau. C’est le début de l’agriculture et la naissance de la civilisation. Devenant plus riche, nous avons créé plus de biens mais également plus de déchets qu’il nous faut gérer pour prospérer durablement. Sait-on par exemple que Rome utilise encore une partie de son infrastructure en eau construite il y a plus de 2000 ans ? Il n’y a pas d’économie sans eau, mais il n’y a pas d’économie durable sans gestion des déchets.
Nous identifions cinq grands facteurs de croissance qui perdurent inexorablement :
Investir dans la chaine de valeur au niveau mondial
Nous investissons dans toute la chaîne de valeur de la gestion de l’eau et de la gestion des déchets. Pour ce faire, nous suivons le cycle naturel de l’utilisation des ressources. Cela comprend les usines de désalinisation, les filtres, pompes, valves, bassins, tuyaux, systèmes de drainage et de traitement des eaux usées, les compteurs, les techniques d’optimisation des réseaux, les traitements mécaniques et chimiques de l’eau. Pour les déchets, nous prenons en compte les entreprises gérant les déchets municipaux, commerciaux et industriels au niveau local, puis le transport et stockage, la gestion de décharge pour déchets ultimes sans oublier toutes les solutions de traitement, de tri sélectif et de recyclage (papier, métaux ferreux, non ferreux, éléments chimiques, etc.). Au total cela représente environ 300 entreprises cotées, dans plus de 30 pays et plus de 30 sous-secteurs industriels, pour une capitalisation boursière d’environ deux mille milliards d’euros. Le nombre de valeurs disponibles pour le portefeuille d’investissement est passé d’une trentaine à plus de 300 noms aujourd’hui au rythme d’environ dix nouvelles valeurs par an, du fait de nouvelles introductions en bourse, de « spin-off » et d’activités de fusion et acquisition. Sur les trente dernières années la liquidité de ce secteur a été multipliée par dix. Cette capacité d’investir dans toute la chaine de valeur au niveau mondial confère une profondeur d’investissement importante.
Gestion réplicable et sortir de l'émotionnel environnemental
Les fondamentaux sont financièrement intéressants. Depuis vingt ans, la croissance moyenne des résultats du secteur varie entre 10 et 12%, avec un dividende oscillant entre 2 et 3%. Un des facteurs importants qui ressort de l’analyse de risque est la qualité et la stabilité des résultats. Investir dans ce thème offre une exposition à « une croissance défensive » liée à des fondamentaux solides, une bonne régularité de création de flux de trésorerie et une profitabilité croissante ce qui permet de diminuer le risque bilanciel des sociétés. Le thème bénéficie plus des effets prix que des effets volumes. A titre indicatif, la facture moyenne de l’eau et des déchets dans le budget d’un ménage représente typiquement moins de 3% des revenus (au niveau mondial 50 euros par mois pour l’eau et environ 20 euros pour la gestion des déchets). Le secteur a une forte capacite à évoluer dans l’univers actuel plutôt inflationniste car les prix peuvent être rapidement et efficacement répercutés dans les factures des clients (commerciaux et individuels).
Facteurs différenciants, ajout de diversification dans le patrimoine
Le bénéfice d’investir dans un fonds thématique bien structuré est la capacité d’être exposé à des valeurs souvent moins bien suivies que les « Mega-Cap classiques ». Nous estimons qu’environ 80% des valeurs du thème ne sont pas couvertes efficacement par les grands brokers sur le marché. Ceci crée des opportunités d’identifier des investissements intéressants en amont. Il y a aussi deux facteurs importants de comportement du thème : 1) l’effettaille ; la plupart des valeurs ont une capitalisation boursière moyenne de cinq milliards d’euros ; 2) L’effet sectoriel ; l’allocation naturelle du thème est l’opposé d’une allocation type d’un S&P 500 ou d’un Euro Stoxx 600. Le secteur est principalement composé de sociétés de services, d’entreprises industrielles de bien d’équipements. Il n’y a ni Tech, ni Financières, ni Pétrolières, ni Pharmaceutiques ni Consommation. Le thème offre une excellente capacité de diversification de portefeuille sur une gestion de long terme. Ainsi le Risk/Return ratio est proche d’un investissement dit Tech au cours du temps et au-dessus du marché.
Relier avec les besoins essentiels
Il est intéressant d’approcher l’investissement thématique différemment des allocations typiques liées à la taille (capitalisation boursière dans la plupart des indices), de zones (Europe, US, Emergents, etc…) ou de style (croissance, value, dividendes, etc…). En plus d’une exposition diversifiante et profitable, un investissement dans le secteur de l’eau et des déchets offre des solutions durables aux risques environnementaux autre que le facteur classique lié au risque climatique ou CO2. Nous avons identifié dix solutions dans l’eau et dix solutions dans la gestion des déchets auxquelles les entreprises répondent par leurs services. Il est important d’avoir une pureté importante liée au thème (pourcentage des revenus exposé aux solutions du thème). Par exemple une société comme Veolia, tire environ 80% de ses revenus de ses services de gestion de l’eau et de déchets et environ 20% de ses revenus dans les services liés à l’énergie (gestion de chaleur et efficacité énergetique. Au total, l’entreprise est 80% pure dans le thème (ce qui tire la valeur de l’action) et exposée à deux solutions majeures dans l’eau, pour un objectif durable. Pour cela, Regnan profite de plus de 20 ans d’expérience sur l’investissement dans le thème et aussi plus de vingt-ans de savoir-faire en analyse ESG et engagement. L’opportunité de croissance est importante car nous estimons la capacité du fonds à environ EUR 10 milliards pour cette stratégie globale de croissance défensive.
Bertrand LECOURT
Senior Portfolio Manager - Head of Thematic Investing - Regman
J.O Hambro Capital Management