L'Open Finance au service du Scoring Crédit


L’avènement de l’Open Banking dans le crédit

L’Open Banking désigne le partage consenti et sécurisé des données bancaires pour bénéficier de divers services financiers. Ce partage de données reste confidentiel et est encadré par la Directive Européenne sur les Services de Paiement (DSP2). L’Open Finance étend les principes de l’Open Banking à un écosystème financier encore plus large.
L’Open Banking révolutionne l’univers du crédit en donnant la possibilité à de nouveaux outils d’évaluation du risque de crédit, plus performants, de voir le jour. Alors que les méthodes classiques d’analyse de risque reposent exclusivement sur des données socio-démographiques et budgétaires, statiques et largement déclaratives, l’Open Banking amène une information récente et fiable sur la situation budgétaire et le comportement financier – trois mois d’historique bancaire minimum – de l’emprunteur.
Si les années 2018 à 2020 ont été marquées par le début de la révolution Open Banking dans le crédit, avec l’entrée en vigueur de la DSP2 et les premiers cas d’usage, ce n’est que quelques années plus tard que le scoring Open Banking parvient à s’imposer en remplacement des systèmes de scoring traditionnels chez les pionniers du sujet, Fintechs ou établissements financiers, pour la plupart équipées de systèmes tiers, à l’instar des solutions de credit decisioning Open Banking proposées par la Fintech Algoan.


Les réponses de l’Open Banking aux enjeux du scoring crédit


Dans un processus d’octroi de crédits, l’analyse du risque de défaillance du candidat à l’emprunt est essentielle. Celle-ci a été fortement réformée par l’avènement du scoring crédit, à la fin du 20ème siècle. En rendant possible un traitement massif des demandes, il a rendu le crédit accessible à une plus large part de la population.
Le scoring crédit intègre deux composantes : l’analyse de la solvabilité et la mesure de la fiabilité. L’analyse de la solvabilité s’intéresse aux données budgétaires du ménage (revenus et charges incompressibles) et assure que le candidat à l’emprunt a la capacité financière de rembourser son crédit. La mesure de la fiabilité reflète la capacité de l’emprunteur à respecter ses engagements futurs à iso-budget.


Pertinence des données Open Banking


La pertinence de l’Open Banking pour l’analyse de solvabilité est évidente : les ressources et charges récurrentes du ménage sont directement accessibles dans les données bancaires transactionnelles.
Sur le volet de la mesure de fiabilité, l’apport de l’Open Banking dans le scoring est fondamental. L’accès à des données financières granulaires, donnant à voir la gestion financière quotidienne du ménage, permet de s’intéresser non pas à la nature de l’emprunteur, et à son appartenance à tel ou tel segment de clients (par exemple, « jeune, célibataire, locataire »), mais à son comportement financier et – à travers lui – son aptitude à faire face à ses engagements présents et futurs. Par rapport aux scores traditionnels, principalement basés sur des données socio-démographiques, l’Open Banking amène une information éclairante sur le comportement financier du candidat à l’emprunt et permet d’améliorer fortement la prédiction des défaillances futures. Ainsi, la Fintech Algoan a pu mesurer des gains très significatifs en matière d’acceptation (jusqu’à +40% de taux d’acceptation à iso-risque) ou de gestion du risque (diminution de 50% du coût du risque à iso-acceptation).


Fiabilité des données Open Banking

Outre leur pertinence pour l’analyse du risque de crédit, les données Open Banking présentent l’avantage d’être très fiables. Alors que les données utilisées par les scores traditionnels sont déclaratives, qu’il s’agisse des informations socio-démographiques ou des charges financières – et des charges de crédit en particulier (rappelons qu’il n’existe pas de fichier positif en France)  –, les données Open Banking sont des données financières factuelles, actualisées, et récupérées directement à la source, auprès de(des) établissement(s) bancaire(s) teneur(s) de compte(s).


Transparence des algorithmes et des traitements


Une autre vertu de l’Open Banking est la transparence amenée dans le processus d’octroi et de décision. Les données Open Banking sont des données bancaires collectées avec le consentement explicite du candidat à l’emprunt, pour une finalité claire. Ce sont des données financières factuelles, qui participent de façon évidente à l’appréciation du risque de crédit du titulaire de ces données, contrairement aux données traditionnellement utilisées pour le profilage, à l’instar des données socio-démographiques, qui amènent un jugement non pas fondé sur un comportement, mais sur l’appartenance à un profil d’individus.
L’Open Banking réconcilie ainsi parfaitement le scoring crédit et les attentes formulées par le règlement général sur la protection des données (RGPD), notamment en matière de décision automatique. La Cour de Justice de l’UE a en effet rappelé dans son arrêt du 7/12/2023 (affaire Schufa C-634/21) que le scoring crédit constitue une décision individuelle automatisée et estime de fait qu’elle relève de l’article 22 du RGPD. Cet article rappelle entre autres le droit de la personne concernée par le traitement « d’exprimer son point de vue et de contester la décision ». Ce droit ne saurait être parfaitement honoré dans un contexte de scoring traditionnel basé sur des critères socio-démographiques (« votre crédit vous a été refusé car votre qualité de « jeune, célibataire, locataire » pénalise trop fortement votre score ») alors qu’il l’est naturellement dans un contexte d’utilisation des données Open Banking (« votre crédit vous a été refusé car votre compte bancaire fait état d’un usage excessif du découvert »).


Quel futur pour l’Open Finance dans le scoring crédit ?


En s’affranchissant des critères socio-démographiques souvent injustes, les prêteurs peuvent à présent, grâce à un scoring crédit basé sur l’Open Banking, octroyer des crédits à des personnes habituellement mal servies mais dont l’analyse du comportement financier les rend éligible. L’Open Banking permet également de détecter certains profils financiers fragiles, souvent en dehors des radars en l’absence de fichier positif en France, et par là même de lutter contre le surendettement.
Pour toutes les raisons précitées, l’Open Banking ne marque pas juste une évolution dans la façon de faire du crédit, mais bien une révolution. Avec la généralisation de son usage, l’accès au crédit devient plus juste et plus responsable.
L’Open Finance accompagne ce mouvement de modernisation de l’octroi de crédits en poussant vers l’accès à de nouvelles sources de données (typiquement, les contrats de crédit, l’épargne, les investissements dans certains instruments financiers, etc.) qui sauront trouver leur utilité pour un scoring crédit toujours plus performant.



Paul PEYRÉ, 

Co-fondateur et Chief Risk & Data Officer d’Algoan