Intervenant d'honneur : Thierry DEREZ, Président-Directeur général de Covéa
Le Centre des Professions Financières est heureux de vous présenter le nouveau numéro du Magazine des Professions Financières & de l’Économie. Ce Magazine n°12 aborde un sujet au cœur de l’actualité sur l’épargne, afin de savoir si elle doit sauver en priorité les Etats ou l’investissement. Des financiers donnent leur point de vue, tant au niveau du rôle et des attentes des épargnants, que sur l’orientation de l’épargne vers les entreprises.
Comme nous en avons l'habitude, nous avons interrogé différents acteurs qui se trouvent au cœur de ce débat, comme Claire CASTANET (AMF), Stéphane HUILLET (CNCEF), Agnès BRICARD (Ordre des Experts-Comptables),Stéphane FANTUZ (CNCIF), Jean-François BOULIER (ISFA) et bien d’autres… Vous retrouverez tous leurs points de vue et bien plus encore, en téléchargeant la version numérique de la douzième édition du Magazine des Professions Financières & de l’Économie.
Marie-Agnès NICOLET, Présidente de Regulation Partners et du Club des Marchés Financiers.
Le montant de l’épargne française est particuliè- rement significative. C’est ce que rappelle André MASSON, Directeur de recherches au CNRS. « Surabondante », cette épargne est cependant mal orientée, trop vers l’immobilier alors qu’elle devrait plus largement contribuer aux investissements productifs. La solution qu’il préconise est notamment de limiter les droits de succession sur les actifs liés à des investissements productifs.
C’est également la recommandation de l’Association Française de la Gestion financière (AFG) qui, dans ses préconisations sur « la fiscalité de l’épargne » milite pour « remettre la fiscalité à l’endroit » afin de privilégier fiscalement les placements longs, notamment en actions, constitués en vue de la retraite, par rapport aux produits d’épargne courts, en instaurant une « clause de l’épargne la plus favorisée », c’est à dire « bénéficiant des meilleurs régimes IR, IS, ISF et droit de successions existants ».
Bernard Louis ROQUES, General Partner de Truffle Capital, insiste, quant à lui, sur le nécessaire apport complémentaire des capitaux des start-up pour qu’elles puissent grandir plus vite et ne pas être revendues prématurément. La solution préconisée par Bernard Louis ROQUES est de drainer 2% de l’assurance-vie (dont il rappelle qu’elle représente 40% de l’épargne des Français soit 2 000 Mds € détenus par 7 millions de personnes) vers le capital-innovation pour doper la croissance, les rendements et les créations d’emplois. Olivier MILLET, Président de l’AFIC déplore également que les unités de compte ne puissent s’investir que dans une part très limitée dans des véhicules de capital-investissement.
Cependant le rapport ACPR / Banque de France des « chiffres du marché français de la banque et de l’assurance » présente des éléments d’évolution plutôt encourageants. Ainsi, fin 2015, même si 66,3% des 2 041 milliards d’actifs sont des obligations et autres titres à revenus fixes, les actions occupent tout de même une part assez significative bien que moins importante que l’actif des organismes avec 13,4%. Mais surtout, côté collecte, le rapport montre un fort dynamisme des contrats en unités de compte qui ont capté 52% de la collecte nette en 2015 (11,4 Mds € et +91%) alors que ces contrats en UC ne représentent encore que 17,3% des encours de provisions techniques. En 2015, la collecte nette sur les contrats en euros a chuté de 23%.
Cette situation inédite s’explique par la recherche de placements plus rentables par les épargnants, dans un contexte de taux d’intérêt très bas (donc de rendements plus faibles sur les contrats en euros). Elle est adaptée à une situation où chaque euro collecté sur un contrat en euro est réinvesti dans des obligations dont le rendement est proche de zéro, amoindrissant ainsi la capacité des assureurs à distribuer du rendement dans le futur.
Les taux bas auraient-il donc le pouvoir de « réconcilier les épargnants français avec l’économie réelle » ? pour reprendre le titre de l’article de Paul YOUNES, Directeur Général de l’UFFB qui rappelle que nos épargnants n’aiment pas le risque mais que pour faire évoluer les choses, il s’agirait de « réhabiliter l’économie aux yeux des Français » en passant par une meilleure « éducation économique » de nos concitoyens et ce, dès l’école. Cette volonté pédagogique est également un point majeur de l’article de Claire CASTANET, Directrice des relations avec les épargnants à l’AMF, qui présente la genèse de la « semaine de l’épargne salariale » comme un dispositif destiné à mieux connaître l’épargne salariale afin de favoriser des usages plus cohérents avec l’objectif d’épargne de long terme des particuliers.